En 2024, la question de la santé mentale au travail est devenue un enjeu central dans le monde professionnel. Le constat est frappant : 75 % des salariés français rapportent des difficultés psychologiques liées à leur activité. Ces chiffres traduisent une évolution profonde de notre rapport au travail, posant la question de la responsabilité collective dans le bien-être des collaborateurs. Il ne s’agit plus seulement de prévenir le burn-out ou de gérer le stress, mais bien de transformer les pratiques, d’instaurer une culture où performance et bien-être peuvent coexister.
Aujourd’hui, un réel changement de paradigme s’impose, un changement qui repose autant sur l’engagement des entreprises que sur la responsabilisation individuelle. Comment entreprises et salariés peuvent-ils collaborer pour créer un environnement professionnel où chacun peut s’épanouir tout en restant performant ?
Repenser la santé mentale : plus qu’un sujet de bien-être, une question de sens
Trop souvent, la santé mentale au travail est envisagée comme un élément extérieur à la performance, une sorte de bonus ajouté pour que les salariés “se sentent bien”. Pourtant, considérer le bien-être comme un supplément optionnel ou comme un programme de prévention contre le stress ou le burn-out est réducteur. En réalité, le bien-être mental doit être intrinsèquement lié au travail lui-même, à ce que les collaborateurs ressentent, accomplissent et expérimentent dans leur quotidien professionnel. C’est le sens du travail, et non seulement ses conditions, qui joue un rôle déterminant dans le bien-être des individus.
Les nouvelles approches doivent encourager les entreprises à poser des questions de fond : quelle est la valeur réelle de ce que chacun accomplit ? Comment cette valeur est-elle reconnue et nourrie dans les interactions quotidiennes ? En somme, il ne s’agit plus de voir la santé mentale comme un “ajustement” mais comme une partie intégrante de la stratégie d’entreprise, au même titre que la qualité des produits ou des services.
Démanteler les mythes : performance et bien-être ne sont pas incompatibles
Un des plus grands mythes encore largement répandus est qu’il faut choisir entre performance et bien-être. La croyance selon laquelle la performance serait une exigence incompatible avec la santé mentale des employés est non seulement dépassée, mais elle limite aussi la capacité des entreprises à innover et à se renouveler.
Des recherches montrent que la performance durable repose sur un bien-être réel et authentique, non pas superficiel ou ponctuel. Par conséquent, au lieu de chercher à “gérer” la santé mentale en bout de chaîne, les entreprises peuvent miser sur la satisfaction et l’engagement des collaborateurs comme moteurs de la performance. Cela signifie, concrètement, qu’elles doivent renoncer à des modèles de management basés sur le contrôle ou la compétition interne, et investir dans des environnements de travail collaboratifs, créatifs et flexibles, où chacun peut apporter une contribution unique.
Responsabiliser, non infantiliser : l’individu comme acteur de son bien-être
Une autre idée reçue est que la santé mentale au travail est uniquement l’affaire de l’entreprise. Si les organisations doivent mettre en place des conditions favorables, les individus eux-mêmes doivent être responsabilisés dans la gestion de leur propre équilibre mental. Il ne s’agit donc pas d’imposer des règles de bien-être ou d’infantiliser les collaborateurs en imposant des “moments de pause” ou des “heures de déconnexion” de manière arbitraire. Il faut au contraire instaurer une culture où chacun est responsable de ses propres limites, où il a l’espace pour exprimer ses besoins et où il est activement encouragé à être acteur de son propre bien-être.
Pour cela, la communication doit être authentique et bidirectionnelle : il ne s’agit pas simplement de recevoir des directives, mais d’avoir la possibilité de partager ses ressentis et de co-construire les solutions de bien-être avec ses collègues et sa hiérarchie. L’entreprise n’a pas vocation à “imposer le bien-être”, mais à créer les conditions pour que chaque individu prenne la mesure de sa propre responsabilité, en posant des actions concrètes et adaptées.
Le courage du dialogue authentique et la place de l’erreur
Changer les paradigmes de la santé mentale au travail nécessite aussi de transformer en profondeur le rapport au dialogue et à l’erreur. Trop souvent, l’erreur est perçue comme un échec, et les salariés évitent d’aborder des sujets sensibles de peur de représailles ou de jugements. Un changement profond implique de voir l’erreur comme une opportunité de croissance, une manière de progresser individuellement et collectivement.
La culture du dialogue authentique, qui permet de reconnaître ses failles, ses frustrations, mais aussi ses succès et ses espoirs, est cruciale. En offrant aux collaborateurs un espace de parole réel et sincère, on instaure un environnement de confiance où chacun peut se sentir en sécurité, sans crainte de répercussions. Cet espace de dialogue ne doit pas être formel ou institutionnalisé, mais véritablement intégré au quotidien, favorisant ainsi une prise de conscience collective et individuelle des défis et des tensions.
Décentraliser les solutions : la santé mentale comme un projet collectif
Enfin, repenser la santé mentale au travail signifie sortir des modèles centralisés où toutes les initiatives émanent de la direction ou des RH. La santé mentale ne peut pas être un programme isolé mené par un département : c’est un projet collectif, où chaque niveau de l’organisation peut être force de proposition et acteur de changement.
Encourager les équipes à proposer leurs propres solutions, adapter les pratiques de bien-être aux spécificités de chaque groupe de travail, et faire de la santé mentale une dynamique locale, permet de mieux répondre aux besoins réels des collaborateurs. Des initiatives comme les groupes de soutien entre pairs, les espaces de décompression gérés par les employés eux-mêmes, ou encore les discussions ouvertes sur la charge de travail à l’échelle des équipes, sont autant de manières de décentraliser la gestion du bien-être, de sorte que chacun se sente partie prenante des solutions mises en œuvre.
Un futur fondé sur la transparence et la co-construction
L’engagement des entreprises en faveur de la santé mentale ne sera véritablement transformateur que si elles adoptent une démarche de transparence et de co-construction. Plutôt que d’instaurer des politiques figées ou des règles standard, il est essentiel que les organisations co-construisent avec leurs employés une vision partagée du bien-être. Cela implique un effort de communication clair, où les objectifs sont discutés et ajustés en fonction des retours des collaborateurs, et où la transparence est de mise.
En définitive, la santé mentale au travail est bien plus qu’une simple question de bien-être. C’est un levier pour repenser les structures hiérarchiques, les modalités d’évaluation de la performance, et le sens même du travail. En engageant un véritable changement de paradigme, en remettant en question les croyances et les pratiques, et en responsabilisant chaque acteur de l’entreprise, il est possible de construire des organisations plus résilientes, plus humaines, et plus performantes à long terme.
Au fond, la question devient alors la suivante : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour faire de nos lieux de travail des espaces où bien-être et performance s’équilibrent durablement, permettant à chacun de trouver un sens sans compromettre la vitalité de l’organisation et celle des individus ?
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