
9,3 millions de Français accompagnent un proche fragilisé tout en travaillant. Pourtant, 71% n’osent pas en parler à leur employeur. Enquête sur une réalité qui redessine les contours de la qualité de vie au travail.
Marie, 52 ans, responsable commerciale, arrive pour la troisième fois en retard cette semaine. Son manager s’interroge sur son engagement.
Ce qu’il ignore ? Elle vient de passer deux heures à préparer son père atteint de Parkinson, à gérer une aide-soignante absente et à réorganiser les rendez-vous médicaux.
Marie fait partie de ces 9,3 millions de Français qui jonglent entre vie professionnelle et accompagnement d’un proche dépendant: les salariés aidants. Une réalité massive, pourtant largement invisible dans les organisations.
Une France invisible au cœur de l’entreprise
Les chiffres qui parlent
16,9% des Français de 15 ans et plus se déclarent aidants, soit 8,8 millions d’adultes (DREES, 2021). Parmi eux, une large partie occupe un emploi salarié.
* CHIFFRES CLÉS *
9,3 millions de Français apportent une aide régulière à un proche
1 personne sur 4 autour de 60 ans accompagne un proche
60% des aidants actifs subissent un impact professionnel négatif
29% seulement osent en parler à leur employeur
72% affirment qu’un soutien managérial améliorerait leur bien-être
Sources: DREES 2021, OCIRP, Malakoff Humanis 2023

Source : https://solidarites.gouv.fr/agir-pour-les-aidants
Qui sont-ils vraiment ?
Un salarié aidant : une personne qui travaille tout en apportant une aide régulière et non professionnelle à un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap (parent âgé, conjoint malade, enfant handicapé).
Cette aide prend plusieurs formes : soutien moral, aide aux gestes quotidiens, accompagnement administratif, coordination des soins, aide financière.
Autour de 60 ans, près d’une personne sur quatre est aidante. Ces actifs appartiennent souvent à la “génération sandwich” : en poste tout en soutenant leurs parents âgés et parfois leurs enfants étudiants.
Quand le silence devient épuisement
60% des salariés aidants déclarent un impact négatif sur leur vie professionnelle (OCIRP). Pourtant, seuls 29% en parlent à leur employeur (Malakoff Humanis).
Un impact professionnel documenté
Cette discrétion s’explique par la peur du jugement, l’anticipation d’un impact sur la carrière, et la culture du présentéisme encore présente dans certaines entreprises.
Les conséquences multiples
- Charge mentale : double planification permanente, hypervigilance constante, charge émotionnelle intense
- Fatigue physique : nuits courtes, absence de récupération, risque de burn-out
- Contraintes temporelles : rendez-vous médicaux incompressibles, urgences imprévisibles, déplacements chronophages
- Isolement : absence de soutien par les pairs, éloignement progressif des collègues, solitude émotionnelle
- Impact carrière : réduction du temps de travail, renoncement aux promotions, voire démission
Trois témoignages qui incarnent la réalité des salariés aidants
Sophie, 47 ans, Directrice marketing
“Pendant trois ans, j’ai caché que mon fils était autiste. J’avais peur qu’on me retire des responsabilités. Le jour où j’en ai parlé à ma DRH, elle m’a proposé deux jours de télétravail fixes. Ça a tout changé. L’empathie et la résilience que j’ai développées avec mon fils, je les utilise dans mon management.”
Thomas, 38 ans, Ingénieur
“Après l’AVC de mon père, je suis devenu son tuteur légal. Je gérais des projets à 2 millions d’euros, mais je n’osais pas dire que je gérais aussi la vie de mon père. J’ai fini par craquer. Aujourd’hui, mon chef sait et me demande régulièrement comment ça va. Cette simple attention change tout.”
Nadia, 55 ans, Responsable logistique
“Ma mère a Alzheimer. Au travail, on n’en parle pas. Pourtant, ça forge un caractère d’acier. Je sais gérer l’imprévu, prioriser sous pression, garder mon calme. Ces compétences viennent de là. Je trouve dommage que les entreprises ne voient pas ça comme un atout.”

Un enjeu stratégique pour les entreprises
Soutenir les salariés aidants n’est pas qu’un acte social : c’est un levier de performance et de fidélisation.
Les bénéfices concrets
✓ Fidélisation : un salarié reconnu est plus loyal (coût d’un départ : 6 à 24 mois de salaire)
✓ Image employeur : les entreprises inclusives attirent les talents
✓ Prévention : adapter évite les burn-out et l’absentéisme longue durée
✓ RSE : intégrer l’aidance dans la politique QVT renforce la responsabilité sociétale
Les compétences cachées
Un salarié aidant développe des soft skills précieuses :
- Organisation et priorisation
- Gestion du stress et de l’urgence
- Empathie et intelligence relationnelle
- Résilience face aux difficultés
- Résolution de problèmes créative
💰 LE CALCUL ÉCONOMIQUE
Coût d’un départ : 50 000 à 150 000 €
Coût d’un burn-out : 30 000 à 60 000 €
Coût d’un aménagement : 0 à 3 000 €
Le ROI est évident.
5 leviers d’action concrets
1. Flexibilité organisationnelle
- Horaires adaptables pour rendez-vous médicaux
- Télétravail ponctuel ou régulier pour limiter les déplacements
- Temps partiel choisi sans pénalité de carrière
- Congé proche aidant : 3 mois renouvelables (indemnisé sous conditions)
2. Formation managériale (le levier décisif)
Un manager formé sait :
- Détecter les signaux faibles (fatigue, isolement, baisse d’efficacité)
- Engager un dialogue bienveillant sans intrusion
- Co-construire des solutions avec le collaborateur et les RH
- Prévenir les risques psychosociaux avant la crise
72% des aidants affirment qu’un soutien managérial clair améliorerait leur bien-être ET leur engagement (Malakoff Humanis, 2023)
3. Dispositifs légaux et financiers
- AJPA : Allocation Journalière du Proche Aidant (58,59 €/jour en 2025)
- Compte Épargne-Temps : utiliser des jours épargnés
- Don de jours : permettre la solidarité entre collègues
- Cellules d’écoute psychologique : numéro confidentiel
4. Espaces de parole
- Réseaux internes d’aidants : groupes d’échange entre pairs
- Partenariats associatifs : conférences, permanences
- Campagnes de sensibilisation : rendre le sujet visible et légitime
5. Ancrage stratégique
- Intégration dans les accords QVT
- Création d’indicateurs de suivi
- Communication dans le rapport RSE
- Nomination d’un référent aidants
3 entreprises pionnières
🟠 Orange : le réseau qui brise l’isolement
Depuis 2012, Orange Aidants connecte plus de 3 000 collaborateurs via l’intranet, des webinaires réguliers, un guide managérial complet et des partenariats associatifs. L’objectif : faire en sorte que dire “je suis aidant” ne soit plus un tabou.
Résultat : culture inclusive, fidélisation renforcée, image employeur valorisée.
🔵 SNCF : anticiper avant la rupture
Face aux métiers aux horaires atypiques, la SNCF a créé une cellule RH dédiée, un numéro d’écoute 24/7 et formé ses managers aux signaux faibles.
Résultat : baisse de 15% des démissions liées aux raisons familiales, réduction des arrêts longue durée.
💚 Malakoff Humanis : digitaliser le soutien
Plateforme centralisée, accès direct à des experts (assistants sociaux, psychologues), webinaires pratiques: Malakoff Humanis incarne en interne ce qu’elle défend en externe.
Résultat : 40% des collaborateurs ont consulté la plateforme, culture de soutien ancrée, fierté d’appartenance.
Le rôle clé de la formation
Soutenir les salariés aidants ne peut reposer uniquement sur des dispositifs administratifs. C’est avant tout une question de compétences managériales.
Programme de formation type
Module 1 : Comprendre l’aidance (chiffres, impacts, cadre légal)
Module 2 : Détecter les signaux (grilles d’observation, cas pratiques)
Module 3 : Conduire un entretien sensible (écoute active, jeux de rôle)
Module 4 : Mobiliser les ressources (dispositifs RH, aménagements)
Module 5 : Concilier performance et bienveillance (retours d’expérience)
Les outils remis
- Check-list “signaux d’alerte”
- Guide d’entretien
- Fiche récapitulative des dispositifs légaux
- Annuaire des contacts ressources
Chez DOXA Formation, nous formons vos managers avec une approche terrain : études de cas réels, mises en situation, outils applicables dès le lendemain.
Ressources essentielles
Dispositifs légaux principaux
Congé proche aidant : 3 mois renouvelables, fractionnable, sur 1 an maximum
AJPA : 58,59 €/jour, 66 jours maximum sur la carrière
Don de jours : solidarité entre collègues
CET : utilisation des jours épargnés
Aides pour la personne aidée
APA : Allocation Personnalisée d’Autonomie (personnes âgées dépendantes)
PCH : Prestation de Compensation du Handicap
AEEH : Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé
Sites utiles
Pour-les-aidants.fr : portail officiel des droits
OCIRP : études et baromètres
Malakoff Humanis : baromètres annuels
Association Française des Aidants : accompagnement et formation
Conclusion : de l’invisible à l’essentiel
Les salariés aidants représentent une force invisible mais précieuse. Leur engagement dépasse le cadre professionnel : ils portent des responsabilités qui exigent énergie, empathie et résilience.
Reconnus et soutenus, ils transforment une épreuve personnelle en atout pour l’entreprise : sens du collectif, adaptabilité, gestion des priorités, capacité à faire face aux imprévus.
À l’inverse, l’absence de soutien conduit à l’épuisement, au désengagement, voire à des départs coûteux.
Prendre soin des aidants, c’est bien plus qu’un geste solidaire : c’est une stratégie RH qui renforce la fidélisation, prévient les risques psychosociaux et nourrit une culture d’entreprise inclusive.
Chaque action compte : un aménagement ponctuel, un manager formé à l’écoute, un réseau interne peuvent transformer profondément l’expérience de ces salariés.
Les entreprises qui s’engagent construisent des équipes solides, engagées et durables.
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